Cette étude de l’ANRS avait pour principal objectif d’évaluer la non-infériorité à 48 semaines d’une stratégie de prise du traitement ARV sur 4 jours consécutifs sur 7 versus une prise en continu 7 jours sur 7 chez des patients en succès virologique sous traitement (CV < 50 copies/mL depuis au moins 4 mois, sans modification du traitement). Il s’agit d’un essai de phase III ouvert, multicentrique, prospectif, randomisé en deux groupes parallèles avec une borne de non-infériorité de 5 %.

La randomisation a été stratifiée selon la famille du 3ème agent en cours au moment de la pré-inclusion (INI, IP, INNTI) et un minimum de 200 participants devait être sous INI pour garantir une puissance suffisante pour évaluer l’efficacité de cette stratégie dans cette population de patients (640 patients prévus, 320 par bras). A partir de S48 et dès confirmation de l’indétectabilité, les patients dans le bras 7/7 en succès virologique intégraient la stratégie d’allègement 4/7.

Les résultats très attendus par les spécialistes français au vu du nombre de centres participants ont été présentés à l’IAS (lien avec zoom du jour). Les caractéristiques des patients à l’inclusion étaient comparables entre les deux bras : 49 ans d’âge moyen, 78,3 % d’origine européenne, 67,1 % d’HSH, 6,9 ans en moyenne de durée de traitement antirétroviral et un nadir de CD4 à 298 cellules/mm3. Plus des deux tiers (72,6 %) recevaient du TDF-TAF/FTC à l’inclusion et le 3e agent était un INI (47,8 %) ou un INNTI (46,5 %), les IP étant très minoritaires (5,7 %). Les résultats sur le critère principal confirment la non infériorité du 4 J/7. Peu d’échecs virologiques : 6 versus 4 dans le bras 7J/7, mais 3 versus 1 chez les patients où le 3e agent était un INI, ce qui ne manquera pas d’alimenter les discussions …

Les autres analyses de sous-groupe ne montrent pas de différence statistiquement significative selon le nadir de CD4, la durée de l’indétectabilité, la notion d’échec virologique antérieur ou de ratio CD4/CD8.

Des analyses complémentaires prévues au protocole de l’étude sont en cours : suivi à long terme (S96) / analyses des marqueurs inflammatoires plasmatiques, intra-cellulaires, cheveux (PK), CV séminale, virémie résiduelle et ADN VIH total, sans oublier la compliance au traitement et les analyses de qualité de vie. Il n’y avait pas de différence significative entre les deux bras sur la tolérance.

Pari gagné donc pour l’étude QUATUOR qui était une des études très attendues à cet IAS mais de nombreuses questions persistent à l’issue de la présentation …

D’après Landman R et al., abstr. WEABO406LB, actualisé

A compter du 1er juillet 2019 les techniciennes et techniciens d’études cliniques du COREVIH Ile de France Sud vont orienter les nouvelles découvertes de séropositivité des personnes du dispositif « Au Labo Sans Ordo » avec Paris Sans Sida.

Vendredi 28 juin 2019, tous les COREVIH de France – Comités de coordination régionale de la lutte contre le VIH et les IST – ont envoyé une lettre commune au Président de la République Française en amont de la 6ème conférence de reconstitution trisannuelle du Fonds Mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme qui se tiendra à Lyon, le 10 octobre 2019. (en ligne : https://www.alpesansida.fr/reconstitution-du-fonds-mondial-de-lutte-contre-le-vih-tuberculose-et-paludisme-lettre-commune-de-tous-les-corevih-de-france-a-emmanuel-macron/)

Les Présidents et Vice-Présidents des COREVIH demandent unanimement au Président de la République :

  1. D’augmenter significativement la contribution de la France au Fonds de reconstitution ;
  2. D’exercer son leadership de pays hôte pour que la conférence de reconstitution soit un succès et récole plus de 14 milliards de dollars pour prévenir, dépister et traiter le VIH, le paludisme et la tuberculose dans le monde.

Merci de relayer sur les medias sociaux et auprès des élu.e.s pour que la conférence puisse connaître le succès que nous espérons !

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Lettre 80.80 KB 98 downloads

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 » Monsieur le Président de la République Française,

La France accueillera le 10 octobre 2019 la 6ème conférence de reconstitution trisannuelle du Fonds Mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme.

Nous, Président.e.s et Vice-Président.e.s des Comités régionaux de lutte contre le VIH et les IST (COREVIH), souhaitons que cette conférence soit l’occasion de montrer l’engagement fort de la France et plus largement des pays donateurs, dans la lutte contre le VIH, le paludisme, la tuberculose dans le monde.

Nous appelons donc de nos voeux une direction forte de votre part ; en tant que chef d’état du pays hôte, vous serez aussi le président de cette conférence : cela vous donne autorité pour que l’engagement de refinancement dépasse le montant de 14 milliards de dollars pour les 3 ans à venir1.

Depuis 1981, la France est une figure majeure de la lutte contre le VIH. Ce sont des chercheur.euse.s français.es qui ont identifié le VIH ; l’Agence Nationale de Recherche contre le Sida et les Hépatites (ANRS) a été un extraordinaire moteur de projets de recherche qui ont révolutionné la vie des personnes vivant avec le VIH ainsi que la prévention ; les valeurs françaises d’humanisme, de progrès pour tou.te.s, d’attention aux plus démuni.e.s, ont toujours trouvé à s’illustrer dans la lutte contre les grandes pandémies.

La France est à sa place lorsqu’elle fédère les efforts de tou.te.s pour un monde plus juste.

Aujourd’hui, nous sommes à une période charnière de la lutte contre le VIH :
· Les traitements actuels allient une haute efficacité (permettant une espérance de vie normale s’ils sont appliqués suffisamment tôt, et de supprimer toute transmission du virus) et une meilleure tolérance, compatible avec un traitement de l’ensemble des personnes vivant avec le VIH ;

· Quoique que le vaccin reste du domaine de la recherche, et donc n’est pas encore disponible, les moyens de prévention et de dépistage se sont diversifiés, permettant de s’adapter au mieux aux différentes populations ;
· Et nous sommes témoins de baisses spectaculaires de nouvelles contaminations dans des régions ou villes appliquant le « test and treat » (dépister régulièrement, traiter dès le diagnostic, et assurer le suivi thérapeutique) et la prophylaxie préexposition (PreP).

De ce fait, il est possible d’envisager au niveau mondial pour 2030 une victoire sur l’épidémie du VIH : zéro nouveau cas de sida, un nombre très réduit de nouvelles contaminations, et zéro discrimination… Ce qui semblait encore irréaliste il y a une décennie !

Le Fonds Mondial est un instrument essentiel et très efficace de cette stratégie :

· En déployant des programmes spécifiques dans les pays concernés, il permet d’agir à grande échelle et de façon adaptée ;

· C’est en partie grâce à son action que la mortalité cumulée de la tuberculose, du paludisme et du sida a reculé de 4,1 millions par an en 2005 à 2,1 millions par an en 2017 ;

· Plus largement, depuis sa création par le G7 en 2001, 27 millions de morts dues à ces maladies ont été évitées dans les pays à revenus faibles et intermédiaires où le Fond Mondial opère ;

· Il assure respectivement 65% et 57% des financements pour la tuberculose et le paludisme ;

· Pour le VIH/sida, il finance la moitié des traitements antirétroviraux disponibles dans le monde2 ;

· Son mécanisme original de gouvernance, qui associe donateurs, ONG et représentants des communautés affectées ou à risque, doit être préservé au mieux. Si nous nous réjouissons de ces avancées extraordinaires, nous constatons aussi que le combat contre les pandémies requiert notre plus grande vigilance :

· La tuberculose, le VIH/sida et le paludisme font toujours plus de 8 000 morts par jour3 ;

· La résistance aux antimicrobiens (antipaludéens, antituberculeux, antirétroviraux) menace les progrès réalisés ;

· Seule la moitié des 37 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde ont accès pour l’instant à un traitement antirétroviral, dont la moitié des enfants séropositifs dans le monde4 ;

· Pour la tuberculose seule, sans accélération des efforts engagés, la perte pour l’économie mondiale s’élèverait à 983 milliards de dollars au cours des 15 prochaines années5.

Monsieur le Président, la France peut s’enorgueillir d’avoir adopté une stratégie nationale de santé sexuelle parmi les plus abouties du globe, qui ambitionne entre autres d’en finir avec le VIH à l’horizon 2030.

Or, les virus ne connaissent pas les frontières. Nous serons à même de remplir nos ambitions si nous nous impliquons dans une approche mondiale et globalisée de la lutte contre ces pandémies (sans oublier les hépatites virales). C’est en tout cas ce que l’évolution de nos modes d’interactions politiques et économiques exige.

Plus de 14 milliards de dollars sont nécessaires pour la période 2020-2022. Nous comptons sur une augmentation de la contribution de la France, et sur votre leadership pour convaincre vos pair.e.s d’augmenter la leur, afin que tou.te.s se montrent, de manière très concrète, à la hauteur des enjeux et de leurs responsabilités.

Veuillez recevoir, Monsieur le président, l’expression de nos salutations distinguées, « 

NOTES 

  1. Les données chiffrées concernant le fonds mondial sont disponibles dans la lettre.
  2. Site du Fonds Mondial : https://www.theglobalfund.org/fr/
  3. G7 : https://www.elysee.fr/g7
  4. Estimations du groupe d’expert indépendant Global Fund Advocates Network (GFAN) : http://www.globalfundadvocatesnetwork.org/campaign/get-back-on-track/#.W5faUUUzagQ
  5. Rapport 2018 sur les résultats du Fonds mondial : https://www.theglobalfund.org/fr/news/2018-09-12-global-fund-partnership-has-saved-27-million-lives/